Le Meilleur du festival Art Rock
40 ans, ça se fête ! L’équipe du festival Art Rock a su composer une programmation, comme toujours pluridisciplinaire, qui réserve exclusivités et surprises. Juste après la disparition de son fondateur Jean-Michel Boinet, elle perpétue l’esprit d’un festival de centre-ville, vibrant, engagé et transgénérationnel.
-
Pop en stock
Le festival avait frappé un grand coup l’an dernier avec Phoenix en avant-première mondiale. Cette année, comme toujours, on a une prog’ aux petits oignons. Pour rester dans la métaphore culinaire, les chouchous de l’underground britannique Porridge Radio (du vrai indie rock à guitares, nonchalant mais mélodique), le samedi, sont un mets de choix. Comme, le vendredi, leurs compatriotes alt-J (pop indé en perpétuelle réinvention depuis 6 albums) ou les désormais vétérans (on vieillit !) Editors (dimanche). Ces derniers viendront présenter EBM, album qui a créé la surprise l’an dernier avec l’arrivée en fanfare de beats electro presque dance, venus remplacer les habituelles guitares cold-wave. Ça ne vous rappelle rien ? La mue Joy Division vers New Order bien sûr…
-
So electro
C’est l’anniversaire dans l’anniversaire. 40 bougies pour Art Rock, et moitié moins pour Ed Banger Records. Pour fêter l’événement, quoi de plus indiqué qu’un DJ set du boss de ce label référence de la french touch ? Il faut évidemment s’attendre à une ambiance de folie avec Pedro Winter derrière les platines le dimanche. Mais la transformation du site du festival en dancefloor géant passé minuit est une coutume à Art Rock. Qui débutera le vendredi avec rien de moins qu’un des pionniers de la techno, la légende vivante Jeff Mills. Le Detroit des night clubs dans les années 1980, c’est bien mais un peu loin de Saint-Brieuc en 2023 ? Yuksek (le samedi) devrait mettre tout le monde d’accord, le Rémois mixant les époques – et donc les genres (disco, punk-funk, musique brésilienne, house...) – comme aucun autre.
-
Touches françaises
Avec Biolay (samedi) et Christine and the Queens (dimanche), la crème d’une scène française pop, au sens strict du terme (pour populaire), s’invite tout en haut de l’affiche. Mais Art Rock met aussi à l’honneur les artistes émergents et, notamment, une bande de filles à ne pas rater : Silly Boy Blue (dimanche) et ses ritournelles synthétiques, souvent chantées en anglais, qui ne sont pas sans rappeler le versant le plus atmosphérique de… Christine and the Queens ; Adé (samedi) et son délire country-pop moderne, que son passage par Therapie Taxi (programmé dès le début du buzz à Art Rock en 2018) ne pouvait laisser présager ; et bien sûr la Nazairienne qui affole tous les compteurs depuis la sortie de son premier album au printemps. Des lecteurs de Télérama (une couv’ d’entrée de jeu) aux jeunes fans de Stromae, tout le monde aime Zaho de Sagazan – nous les premiers (dimanche).
-
Rap tout
Le genre est tellement codifié qu’on a tendance à mettre le rap dans une case à part, hermétique à toutes les autres esthétiques musicales. En cela, la venue le dimanche du phénomène Hamza est plus que bienvenue. Aucun doute, dès que son tube Nocif résonnera à Saint-Brieuc, les festivaliers venus pour Pedro Winter devraient faire tilt, le morceau samplant l’hymne french touch Lady (Hear me tonight) de Modjo. Lui s’est mis à l’autotune sur le tard, normal, Disiz (samedi) a débuté sa carrière il y a déjà plus de 20 ans. Un parcours et une longévité qui forcent le respect, thèmes d’ailleurs à l’honneur dans son très réussi nouvel album titré L’Amour, tout simplement. D’amour, il en est justement beaucoup question dans les morceaux de Dinos (vendredi), autre grand rappeur (et grand parolier) attendu à Saint-Brieuc, à mille lieux de tous les clichés parfois associés au genre.
-
Plurisdisciplinaire
Si Art Rock est fier d’avoir obtenu la première date française et l’exclusivité en Bretagne pour le show XXL de Christine and The Queens, l’équipe continue de défendre une programmation pluridisciplinaire. Ainsi, le Musée continue d’accueillir une proposition d’arts numériques qui ne laissera personne indifférent. Medadeath, de Guillaume Marmin, rassemble trois installations monumentales qui réunissent lumière, vidéo et musique. De la danse contemporaine liée à la musique, il y en a, comme tous les ans, avec Philippe Decouflé. Le chorégraphe qui a marqué le festival revient, à La Passerelle, avec Stéréo, sa déclaration d’amour au rock et à l’esprit punk (vendredi et samedi). Enfin, le dimanche après-midi, le centre-ville est le théâtre d’une parade urbaine orchestrée par la Cie Art Point M. Chacun est invité à y venir fleuri.
-
# Matthieu Chauveau & Patrick Thibault
-
Art Rock Vendredi 26, samedi 27 et dimanche 28 mai, Saint-Brieuc.
Photos : Editors © Rahi Rezvani / Pedro Winter © Kevin Millet / Silly Boy Blue © Louis Lepron / Disiz © Otman Q / Stereo © O. Ricard