Le meilleur des Trans Musicales
85 groupes, 32 nationalités et au moins 1 000 esthétiques différentes, du rock à la world en passant par l’electro, la pop, le R’n’B… C’est comme toujours très difficile de résumer la programmation des Trans Musicales en quelques lignes. C’est par contre très facile d’y repérer plusieurs coups de cœur.
Sélection Matthieu Chauveau
Euro visions
Les Trans et l’Eurovision, même combat ? On en est encore loin mais toujours est-il que le festival défricheur s’offre cette année un artiste passé par l’inénarrable concours de chant au printemps. Avec son électro-pop funky aussi loufoque qu’énergique, le géant (2,08 mètres) Daði Freyr (le jeudi 2/12, Hall 8) a en effet quelque chose d’immédiatement attachant, à l’instar de plusieurs autres excellents musiciens européens à l’honneur cette année. Toujours dans la catégorie iconoclastes, Rodrigo Cuevas (jeudi 2/12 à l’Étage) nous fait réviser nos a priori sur la musique folklorique. Originaire des Asturies, le musicien travestit la chanson traditionnelle du nord-ouest de l’Espagne dans un night-club queer. Moustachu lui aussi (mais à la Frank Zappa plutôt qu’à la Freddie Mercury), Andrea Laszlo De Simone (les mercredi 1er et jeudi 2/12, au TNB) est à n’en pas douter l’artiste à ne pas manquer cette année. Auteur du magnifique Immensità en 2019 (album qui en 25 minutes nous fait voyager plus loin que bien des discographies complètes), l’Italien présente sa pop orchestrale dans une nouvelle formule scénique avec claviers, trompette, violon et violoncelle.
Musiciennes
Musiciennes, c’est le nom d’une exposition photo à découvrir pendant tout le festival sur un mur entier du Hall 5 au Parc Expo. Témoignage des nombreuses artistes féminines passées aux Trans en 40 ans, l’initiative prend tout son sens à l’heure des questionnements sur la parité dans les musiques actuelles. En la matière, Les Trans 2021 font plutôt figure de bon élève puisque, parmi les concerts les plus attendus, beaucoup seront donnés par des musiciennes. Si on a quelques réserves (musicalement), sur le métal variet’ de Voice of Baceprot (samedi 4/12, Hall 3), on adhère à fond (sur le papier) au concept d’un jeune trio girls-rock engagé dans la très conservatrice Indonésie. Star Feminine Band (vendredi 3/12, Hall 3 et samedi 4 à l’Ubu) est par contre une révélation incontestable. Imaginez sept Béninoises de 10 à 17 ans qui, après l’école, empoignent guitare, basse, batterie, clavier et percussions pour répéter des hymnes à la liberté groovy, et qui se trouvent signées sur le très pointu label français Born Bad Records… Un dernier coup de cœur ? La Londonienne Greentea Peng (vendredi 3 décembre, Hall 8), qui, elle non plus, n’a pas sa langue dans sa poche. Derrière sa nu soul langoureuse, celle qui pourrait bien devenir la nouvelle Amy Winehouse distille de vraies paroles engagées.
Poulains locaux
C’était en 1995. Un timide musicien montait sur la scène des Trans, entouré d’un violon, d’un accordéon et d’un piano jouet. 26 ans (et un succès mondial avec la BO d’Amélie Poulain) plus tard, Yann Tiersen est de retour au festival qui l’a découvert, cette fois beaucoup plus en accord avec son temps, puisque le Breton y présente un live electro – on parle même de techno ! –, totalement inédit, agrémenté d’un show vidéo (jeudi 2/12, Hall 8). Et pour qui souhaite découvrir les Tiersen de demain (comprendre : des locaux très talentueux dont on devrait bientôt beaucoup entendre parler), on vous livre trois coups de cœur parfaitement subjectifs. Jeudi 2 décembre, Hall 3, les Nanto-Rennais de Gwendoline prouveront qu’intituler des morceaux Audi RTT ou Chevalier Ricard n’empêche pas de signer des hymnes brillants et même accrocheurs. Le même jour, à l’Étage, les amateurs de pop sophistiquée seront servis sur un plateau avec Niteroy, Rennais qui a choisi une ville brésilienne comme pseudo, et la langue portugaise pour porter ses délicieuses chansons douces amères. Le lendemain, c’est-à-dire vendredi 3, toujours à l’Étage, les Rennais de Freak it Out devraient enfin donner l’une des plus belles expériences live du festival avec une pop savante mixant avec une décontraction incomparable prog rock, jazz, soul, hip-hop et disco…
43e Trans Musicales Du 1er au 5 décembre, Rennes.
Photo : Daði Freyr © DR
